« Une bonne bière » : une pièce sans concession sur les secrets de famille

De quoi ça parle ?

Après s’être perdus de vue pendant plusieurs années, quatre frères et sœur aux trajectoires et caractères très différents se retrouvent dans leur maison d’enfance pour organiser les obsèques de celui qui leur faisait office de père.

Puisqu’ils n’ont pas vraiment de tristesse à partager, autant se réunir joyeusement autour d'une bonne bière pour se raconter leurs vies, avec la complicité et l’animosité propres aux fratries.

L'avis de la rédaction

Bibelots vieillots, canapé daté et murs jaunis. Dans cette vieille maison familiale, presque rien ne semble avoir changé, à un détail près : le patriarche est décédé la veille. Alors, naturellement, il faut organiser les obsèques, une lourde tâche à laquelle ses quatre enfants décident de s’atteler dans une ambiance électrique. On oublie les mouchoirs et on fait chauffer le pop-corn : dans cette comédie de Xavier Martel, l’heure n’est pas au recueillement mais, plutôt, aux règlements de compte.

On fait tour à tour connaissance avec Gaëlle, quadra à la vie amoureuse décousue, qui semble nourrir de profondes rancœurs contre Rico, son jeune frère. C'est d'ailleurs le seul à avoir choisi de vivre avec son ivrogne de père. Par opportunisme ou par altruisme ? C’est selon. Quant au duo que tout oppose – Erwan, le comédien raté à la chevelure gominée, et Gildas, le bon père de famille tourné vers la réussite et le christianisme –, c’est à une véritable guerre fratricide qu'il se livre. Et au milieu de ce combat de coqs qui fait tomber les masques, on se surprend à compter les points et à prendre parti.

Car sur scène, pas de temps mort : les dialogues s’enchaînent avec dynamisme, les punchlines fusent et les situations cocasses se succèdent. Un rythme haletant qui nous embarque avec aisance, dans une toile familiale pétrie de non-dits. Qu’importe nos trajectoires familiales personnelles, les enjeux (de rôle, d’héritage, de représentation) qui se jouent sous nos yeux sont universels et résonnent avec justesse dans nos histoires à nous. Et c’est bien là la force de cette pièce décidément pleine de surprises !