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Tellement Sympa

Théâtre

« Elle n’avait pas l’air bien. En même temps, elle fait souvent des mauvais choix et n’a pas de chance. Ça va s’arranger, un petit mouchoir dessus, on n’en parle plus. »
Deux amies sourdes. L’une est en détresse. Son amie essaie de l’aider. Plusieurs formes de violences sont mises à jour. Plusieurs processus de déni, de croyances limitantes et de prisons psychologiques.
Bien que la parole ait commencé à se libérer avec #metoo et #balancetonporc, les violences conjugales sont toujours un tabou. Ces violences ont lieu dans la sphère privée, le foyer : lieu refuge. Elles sont sujettes à des processus insidieux qui enferment les victimes dans la peur, la honte et la culpabilité. Il ne s’agit pas de faits divers, de cas ponctuels et isolés. Cela touche un nombre considérable de personnes, le sujet est universel et concerne tout le monde sans distinction d’âge, de classe, de culture, d’environnement. Il s’agit ici de rendre visible une réalité qui se produit aussi dans les petites communautés où il peut être plus difficile de s’exposer car tout le monde se connait. Libérer la parole des sourdes dans une société qui n’a pas les moyens de les écouter.
Le spectacle sera systématiquement suivi d’échanges sur les thématiques de l’éducation sexuelle, du sexisme, de la violence… en partenariat avec l’association Femmes sourdes citoyennes et solidaires (FSCS).

ENJEU DE LA CRÉATION
La domination des uns sur les autres existe depuis la nuit des temps. Le rapport de dominant et dominé construit sur un rapport de force, de pouvoir, d’appropriation, de conquête, de privilège puis de hiérarchisation en fonction des différences, des classes, des ethnies, des races, des cultures, des connaissances, des croyances, des sexualités, des apparences, … classent les humains les uns par rapport aux autres dans les regards, les comportements, les usages et les considérations. La première distinction est faite à la naissance où l’on est défini de manière réductrice et binaire par le genre. Puis, notre construction sociétale dite « patriarcale » instaure une domination d’un genre sur l’autre. Domination d’un « sexe fort » sur un « beau sexe faible », suivi d’une domination de couleur, de richesse, de milieu… Rompre avec ce rapport hiérarchique du genre, berceau de toutes les autres dominations, est pour moi une urgence.
Les violences subies par les femmes constituent l’une des violations des droits humains les plus répandues dans le monde.
Malgré une progression de notre organisation sociale et juridique, des inégalités persistent : distinction de traitement, inégalité salariale, sexisme, misogynie, violences quotidiennes et banalisées, stéréotypes, image du corps et usages de langue. Ces usages et comportements sexistes restent profondément ancrés dans les éducations, les représentations et les fondements de notre société - exemple d’ancrage : le masculin l’emporte sur le féminin dans les règles grammaticales et la deuxième place est attribuée au sexe féminin à la sécurité sociale. Sans compter sur les stéréotypes évident liés aux caractérologies, compétences et physionomies attribuées à chaque sexe.
La violence conjugale est invisibilisée. Elle nait dans ce berceau d’intimité, censé être un refuge, un foyer, lieu de protection, et enracine la soumission et la transmission d’inégalité acquise et intrinsèque. Ces actes sont aujourd’hui fortement punis par la loi. Cependant peu d’actes sont finalement réprimandés. La police et les associations souffrent de manques de moyens humains et financiers. Peu de formation. Les drames sont souvent relayés aux faits divers par le traitement médiatique. Souvent on lit « drame familiale », « crime passionnel », « triste fin », « tourne mal », « dégénère »… Or, les faits sont loin d’être anecdotiques ou isolés. Combien de femmes n’ont pas croisé dans leur vie une relation malsaine, de soumission et connu une forme de violence ? Car la violence a plusieurs visages : physique, psychologique, sexuel, financier, harcèlement, mariage précoce et forcé, mutilation génitale féminin, esclavage, exploitation sexuelle, viol, féminicide. Le tabou est fort. La libération de la parole complexe. Il devient important de mettre ce fléau au premier plan, pour que la société s’en saisisse et évolue de manière globale et collective.
Ces violences constituent un obstacle à l’égalité entre les femmes et les hommes et tant qu’elles restent l’apanage des faits divers, elles continueront à exister, à se reproduire, à se transmettre. Il est temps de lever le voile pudique jeté sur cette réalité quotidienne et universelle. Que le foyer ne soit pas un lieu de violence et de peur, pour qu’il ne soit plus toléré dans les entreprises et la rue. En France, 99% des femmes disent avoir été victimes d’un acte ou comportement sexiste en 2019.
Ce sujet me tient à coeur parce qu’il parle de toutes. Parce que le poids du conditionnement est criant. Parce que ce sujet doit être considéré et doit être l’affaire de tous.
Le théâtre propose un regard sur le monde, invite à l’échange et à la réflexion. Il peut être force d’éducation, d’information et de soutien. Notamment il n’est pas acceptable que la communauté sourde n’ait pas toujours accès à l’information. Ce projet invite à discuter de ce sujet, y compris dans les communautés minoritaires.
Jennifer Lesage-David

Prix:

25€

IVT - 7 cité Chaptal à Paris ( 9ème )

7 CITE CHAPTAL - 75009 PARIS, Paris

Du 5 mars 2024 au 16 mars 2024

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